Il a souhaité renouer avec une « gauche sans décibel mais avec des solutions ». L’ancien premier ministre socialiste, Bernard Cazeneuve, a voulu ouvrir samedi 10 juin « un chemin d’espérance », semblant faire un pas de plus vers une possible candidature à la présidentielle de 2027.
L’ex-ministre de l’intérieur a démenti une nouvelle fois toute ambition personnelle devant la presse mais, dans le palais des sports de Créteil, son discours a pris des accents de candidat, pour le plus grand bonheur des militants.
L’ancien maire de Cherbourg a quitté le Parti socialiste (PS) après l’accord de la Nupes conclu il y a plus d’un an avec La France insoumise, Europe écologie les Verts, communistes et socialistes. Avec son mouvement La Convention, lancé en mars dernier, il entend fédérer les tendances de gauche hostiles à cette alliance pour éviter l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.
« C’est la gauche de gouvernement qui change la vie que vous cherchez à faire revivre », a-t-il déclaré devant environ 2 000 personnes, dans une chaleur étouffante. Et face à « ceux qui semblent redouter » qu’il soit candidat, de lancer : « quand on a été candidat 12 fois à une élection, rien n’empêche qu’on le soit une 13e fois ».
Alors qu’Olivier Faure, le patron du PS, a estimé dans la semaine que cette gauche anti-Nupes était une impasse, Bernard Cazeneuve a rétorqué voir plutôt « une avenue large, pour ne pas dire un boulevard ».
Il a assuré la salle de sa « volonté », son « opiniâtreté » et sa « détermination » car « la Nation aspire à un autre chemin ». Mais « c’est une affaire qui appelle beaucoup d’énergie. On est un peu comme si on devait franchir l’Himalaya sans les moufles », a-t-il reconnu devant la presse un peu plus tard.
Très sévère sur la « stratégie de la confrontation » développée par La France insoumise depuis six ans, il a taclé : « non, le bruit et la fureur ne sont pas une option pour les Français ». Il a aussi critiqué Olivier Faure : « je n’ai jamais pensé que dans PS, le S signifie sectaire ».
Toute la gauche anti-Mélenchon s’était donné rendez-vous pour cette première réunion publique de son mouvement qui compte désormais 7 000 adhérents.
Vers une « force politique »
Avant un débat sur l’Europe avec notamment l’ancien Premier ministre belge Elio di Rupo, l’ancien président du Conseil italien Enrico Letta ou l’ex-président du Parlement européen Martin Schulz, François Hollande a justifié sa présence.
L’enjeu est de pouvoir « reconstituer la grande force de gauche dont le pays a besoin » mais « il n’y a pas de victoire à gauche si ce n’est pas cette force-là qui est la première à gauche », a-t-il affirmé.
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Pour les Européennes de 2024, Bernard Cazeneuve a plaidé, comme l’ancien chef de l’Etat, pour une liste de gauche « résolument européenne, qui ne confond pas les dictateurs avec les représentants du monde libre ».
Dans le public, majoritairement composé de têtes blanches, se trouvaient notamment les représentants locaux de La Convention, de nombreuses personnalités socialistes comme l’ancien Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadelis ou l’ancien président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone, mais aussi des représentants de la gauche de la Macronie, comme Gilles Savary.
Les représentants du mouvement Refondations – la ligne anti-Nupes à l’intérieur du PS – qui tentent eux aussi de fédérer cette gauche de gouvernement, étaient pour la plupart en vidéo. « Ensemble, réunis, nous sommes la gauche », s’est écrié Guillaume Lacroix, le président du Parti radical de gauche, qui soutient l’initiative de Bernard Cazeneuve.
La social-démocratie, « c’est un mouvement en gestation qui commence à redevenir à la mode », salue Jean-Christophe Cambadelis, qui a lui aussi organisé un rassemblement mi-mai.
Bernard Cazeneuve se dit persuadé qu’à la fin, toutes ces initiatives se rassembleront. « Il faut qu’on crée les conditions de grandes assises de la gauche de gouvernement pour qu’il y ait une force politique dans la perspective des échéances qui s’annoncent », a-t-il expliqué à l’Agence France-Presse.